Alors que la reine Élisabeth II, en visite à Vienne, s’apprête à défiler sous ses fenêtres, Herrenstein, richissime marchand d’armes à la retraite, voit son grand appartement envahi par une multitude d’individus – son neveu n’a rien trouvé de mieux que d’inviter toute la bonne société de la ville pour l’événement ! Aussi paranoïaque que misanthrope, le vieil industriel voit d’un très mauvais œil ce « gratin » venir rôder chez lui… Ne sachant où fuir, il va être contraint de supporter les mondanités, l’hypocrisie et la cupidité de ses pires ennemis, jusqu’à ce que l’inattendu se produise…
Découverte par le Théâtre de Namur, Aurore Fattier est hantée depuis longtemps par l’œuvre de Thomas Bernhard. La jeune metteure en scène belge voit dans Élisabeth II, avant-dernier texte du dramaturge autrichien, une bouffonnerie métaphysique, jouissive et provocante. Dans une langue sarcastique au rythme foudroyant, Élisabeth II au sous-titre évocateur (Pas une comédie) construit une critique radicale de l’Autriche d’après-guerre et de la bourgeoisie viennoise. Mais comme le souligne Aurore Fattier, Thomas Bernhard célèbre aussi la fragilité de l’être humain : « Qui n’a pas un jour souhaité se débarrasser de la société entière ? […] Devenir méchant ? Qui n’a pas peur de souffrir, de vieillir, d’être infirme, dépendant ? » À une époque où nous vivons, peut-être plus que jamais, dans la peur de l’imprévu et de la catastrophe, Élisabeth II insuffle avec humour une irrésistible pulsion de vie.