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Carte noire nommée désir

mise en scène Rébecca Chaillon

: Origines

Par Rébecca Chaillon

  • « D’abord il a fallu être comme tout le monde. Il a fallu être blanche. Théâtralement blanche. Ou plutôt théâtralement blanc. Au masculin. Composer au masculin. » (Rébecca Chaillon in Décolonisons les Arts, 2018)

2014, je participe au documentaire Ouvrir la Voix / Speak Up d’Amandine Gay. Ce film d’entretiens, donne la parole à vingt-quatre femmes afro-descendantes de France et de Belgique pour parler de leur situation particulière d’être femme et noire, mettant en lumière des discriminations systémiques, principalement le sexisme et le racisme. Participer à ce projet m’a permis une prise de conscience de ma « négritude », de ma situation de française noire originaire de la Martinique, du racisme que j’avais vécu et des multiples tensions et paradoxes auxquels j’étais exposée quand il s ‘agissait de penser l’amour, le désir, le regard des autres. J’ai entamé une éducation alternative à travers le militantisme anti-raciste, l’afro-féminisme et le militantisme queer. Tout cela m’a mené à penser ce projet de spectacle Carte Noire nommée Désir.


Avec Aurore Déon, amie de longue date, comédienne, nous partagions cette période de doutes et de questionnement, alors nous avons initié un temps de recherche, d’improvisations et d’écriture au plateau, de performances pour traduire toutes nos interrogations sur la manière dont notre désir s’était construit par rapport à des injonctions parfois paradoxales.


Nous étions des objets de fantasme, à la fois animales, sauvages, sexuelles et non-désirées, non désirables.
Nous étions potomitantes mais soumises, énervées mais pas prises au sérieux.
Nous étions des « mamas » mais infantilisées.
Nous devions être respectables, respectueuses de traditions mais intégrées à une société qui ne reconnaissait pas notre histoire comme faisant partie de l’Histoire. Nous avons eu la sensation qu’il était possible de survivre en se camouflant dans la culture dominante.
Nous étions des « Alices », trop petites pour atteindre la table, trop grandes pour passer la porte, d’une mauvaise espèce, étrange espèce, monstrueuse et fascinante.

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