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Bovary

+ d'infos sur le texte de Tiago Rodrigues traduit par Thomas Resendes
mise en scène Elisabeth Barbazin

: Présentation

Dans une petite ville française, la comédie humaine est donnée par des hommes, bourgeois de leur état, conservateurs et obéissant à la religion, obsédés par l’argent et assoiffés de pouvoir et de médailles. Sous tous ces costumes, le même imbécile, nous dit Flaubert.


Cette phrase va guider notre choix : faire jouer tous ces hommes par le même comédien et chercher à déclencher ainsi le rire, car rien n’est grave jusque-là !


Et puis il y a cette jeune femme qui s’ennuie auprès d’un mari, content de lui-même et sa bedaine. Une femme qui ne connaît de la vie que ce qu’elle en a lu dans les livres, qui attend l’amour comme le seul remède possible à cette mélancolie qui la saisit.


Alors de qui fait-on le procès, car procès il y eut en 1856, pour juger ce roman qui portait atteinte aux bonnes mœurs de province !


La pièce de Tiago Rodriguès repose sur cette structure : le procès. La justice convoque les personnages fictionnels du roman pour qu’ils témoignent.


Un avocat de la défense et un procureur impérial très prisés dans le monde parisien, se font face pour combattre, se faire remarquer et en sortir glorieux. Cela amène à penser au ring de boxe, où tous les coups sont permis mais encadrés par des règles précises et c’est ce qui construit notre scénographie.


Mais on s’attaque d’abord et avant tout à Elle, madame Bovary ! à sa puissance inconsciente de déclencher du désir, de bousculer le petit train-train de ces messieurs, de bouleverser les petites vies tranquilles.


Emma Bovary est une femme qui voulait prendre un autre chemin que celui tracé pour elle par son milieu social. Elle voulait accéder à une autre vie, se sentir vivante, trouver son chemin. Elle croyait que l’amour la sortirait de la boue de son village. La boue, elle va se la prendre en pleine figure.


Non, les braves gens n’aiment pas que, l’on suive une autre route qu’eux !


Et ce qui pourrait n’être qu’une comédie devient alors une tragédie, tout bascule puisque acculée, ruinée, abandonnée, méprisée, elle avale l’arsenic, complaisamment offert par le pharmacien. Son mari meurt de chagrin et la petite Berthe, l’enfant du couple reste seule...


Finie la comédie, place à la tragédie !


Flaubert assiste au procès en silence. Puisqu’il n’a pas le droit à la parole, il interviendra  autrement. Dans la pièce, il écrit à une de ses amoureuses, élisa Schlesinger ; au plateau il prend à partie le public pour le mettre dans sa poche. Avec Flaubert c’est un roman. Avec Tiago Rodriguès c’est du théâtre, écrit aujourd’hui où se mélangent les époques, et où à plusieurs niveaux, se mélangent Réalité (il s’agit mot pour mot du vrai procès) et Fiction (ce sont les personnages imaginés par Flaubert qui deviennent des pièces à conviction).


Puis peu à peu le procès perd les pédales, l’avocat et le procureur embrassent Emma, rejoignent la fiction et se laissent entraîner par leur propre désir. Ils se jettent à corps perdu sur Emma Bovary comme l’ont fait tous les hommes du roman.


Bovary, une maladie que j’ai inventée. Une 
maladie contagieuse qui a infecté tout le monde. Jusqu’à moi. Nous sommes des hyènes dévorant le peu de chair qu’il reste sur la carcasse d’Emma Bovary. Nous sommes tous des hyènes assoiffées, nous dit Flaubert.

Élisabeth Barbazin

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