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Andromaque

+ d'infos sur le texte de Jean Racine
mise en scène Robin Renucci

: Note d'intention

Comment avez-vous abordé la pièce Andromaque ?


Robin Renucci : Pour moi, il y a trois entrées à cette pièce : la policière, l’allégorique et la prosodique. La pièce débute avec l’arrivée d’Oreste en Épire pour réclamer à Pyrrhus le jeune Astyanax, fils d’Andromaque. Cette arrivée est l’élément déclencheur de la tragédie amoureuse entre le quatuor : Oreste aime Hermione, Hermione aime Pyrrhus, Pyrrhus aime Andromaque, Andromaque reste fidèle à son défunt époux Hector.


Un récit à suspens


La pièce est construite comme une série avec une trame policière. Les scènes s’enchaînent avec fluidité. Il y a une multitude d’enjeux : l’amour, l’engagement, les promesses, la fidélité, la politique... Cela se ressent dans le parcours d’Oreste, arrivé en Épire pour demander la mort d’Astyanax, il se retrouve pris en étau entre des enjeux politiques et l’amour passionnel qu’il ressent pour Hermione. Cela lui donne un certain ridicule car il s’illusionne dans son amour.


La pièce est rythmée par des tensions qui éclosent et s’épanouissent entre les protagonistes. On avance, on palpite avec les personnages et chaque fin d’acte amène son cliffhanger (« suspense. »)


La piste allégorique


Ma seconde entrée est l’allégorique. Dans Andromaque, Racine nous invite à considérer les personnages comme des allégories, ils expriment la violence, la fidélité, la jalousie et la folie... Pyrrhus, Oreste, Andromaque et Hermione, sont l’image même d’une idée précise. Oreste incarne la folie, Hermione, la jalousie, Pyrrhus, la violence et Andromaque, la fidélité. Ces allégories font des personnages, nés demi-dieux, des entités humaines dans lesquelles le public peut se reconnaître.


Un plateau nu


La dernière entrée, qui guide en grande partie mon travail autour des oeuvres de Racine est la prosodie. Il s’agit de déployer un minimum de moyens pour rester dans une pureté de l’oeuvre qui réside essentiellement dans les trois unités : de temps, de lieu et d’action. Un plateau nu qui laisse place au verbe, au poète et à l’acteur. Je veux instaurer une ligne de jeu qui permet aux spectateurs d’être tenus en haleine et d’accéder réellement à la profondeur de l’oeuvre via son langage. Le dispositif quadri-frontal permet d’effacer toute barrière entre l’émotion des mots prononcés et le public.


Pouvez-vous nous parler du dispositif scénique ?


R.R : Chez Bérénice et Britannicus nous étions dans des lieux de pouvoir et d’amour, pendant le 17e siècle. On était donc dans une situation d’humains, à hauteur d’homme. Dans Andromaque, les personnages sont des demi-dieux, ce changement de statut conduit mon approche de la scénographie et des costumes. Les tapis des deux précédentes pièces étaient rectangulaires, mathématiques, humains. Pour Andromaque, j’ai tout de suite pensé au cercle, circulum, c’est à dire un cycle qui n’a pas de fin.


Les motifs du tapis ne seront pas réalistes, ce seront des tâches de couleur, issues de deux valeurs fortes : le sang humain et le ciel. Elles représentent le lien entre ces mondes, le mariage entre le céleste et l’humain, à l’image des personnages d’Andromaque. Je voudrais des couleurs rougeoyantes, fauves qui rappelleront le passé : Troie en flammes.


À qui s’adresse cette pièce ?


R.R : À tous ! Dès l’adolescence. Je pense que la jeunesse, qui adore regarder Troie au cinéma et se passionne pour cette histoire, sera totalement perméable à cette histoire au théâtre. Nous proposons de permettre à ces jeunes de la redécouvrir. Parler de l’histoire originelle, celle des Atrides et de l’Illiade d’Homère, c’est ce qui plaît, surtout en cette période où nous manquons de mythologie. Je pense que c’est une nécessité de présenter cette pièce dans les établissements scolaires ou auprès d’un public adolescent car ce sont des histoires fortes, qui marquent et qui passionnent. La condition à cette découverte est de ne pas avoir d’étanchéité entre la salle et le plateau. C’est pour ça que je ne veux pas monter ces pièces dans un décor impressionnant, elles doivent se découvrir dans l’intimité, face à face, dans la lumière du jour : dans le simple appareil.

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