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Communication de Olivier Dhénin à Arras autour du personnage de l'enfant

mar. 20/11/12 : 14:00 à Arras - Université d'Artois

Construire l’enfance au miroir des dramaturgies cinématographiques (Bergman, Tarkovski, Zviaguintsev)

Dans toutes mes pièces figure le personnage d’un enfant — vivant, malade, aveugle, mourant, fantomatique. Sans doute parce qu’il est l’être tarkovskien par excellence : celui qui sent le monde mais ne le pense pas. Privé donc de pensée ou victime d’un manque (sans pour autant être mutilé, tel le garçon muet du Sacrifice), cet être fragile me permet de questionner le drame, le huis-clos qu’est la famille par un prisme simple : prendre la tragédie de biais. Car je ne cible pas le pur tragique, et à l’horreur ou la mort violente je préfère m’appuyer sur le songe, le souvenir et le deuil, comme dans Fanny et Alexandre de Bergman. L’enfant n’est donc pas personnage principal de l’histoire, mais secondaire – « supporting actor » dirait-on en anglais – il soutient l’action et le drame ; son œil nous montre ce qu’il perçoit de la tragédie sans pour autant la vivre. Tragédie, car il y a toujours une notion de destinée dans mes œuvres, et les voix s’entremêlent comme une fugue à la recherche de la demi-cadence qui stabiliserait enfin les errances des personnages. Néanmoins, la résolution ne signifie pas forcément l’achèvement et l’absence de héros ne provoque ni victoire, ni défaite, à la manière des films de Sokourov et Zviaguintsev. L’enfant incarne alors la part manquante tout en cherchant à la combler.

Référence :
Olivier Dhénin, Ricercare, Éditions Urwald
Ingmar Bergman, Fanny and Alexander, Artificiel Eye
Alexandre Sokourov, Father and Son, Artificiel Eye
Andreï Tarkovski, L’Enfance d’Ivan, Le Sacrifice, Arte éditions
Andreï Zviaguintsev, Le Retour, Le Bannissement, Artificiel Eye

Journée d'étude de l'Université d'Artois : Figuration, dramatisation et point de vue de l’enfant dans les écritures théâtrales modernes et contemporaines.

« Dès qu’on est – ou qu’on se croit – regardé, on lève les yeux », écrivait Walter Benjamin. C’est cet enfant qui nous regarde et qui, d’une manière ou d’une autre toujours regarde le plateau de théâtre, dont il sera question pendant cette journée quand bien même l’enfant serait (l’) absent du drame, qu’il soit manquant, fantasmé ou mort (aussi bien réellement qu’affectivement). Par cette focale de l’enfant qui insiste, fait retour – comme l’enfance, en nous, toujours revisitée, réinventée, ne cesse de faire retour – c’est principalement la dramatisation des corps et des discours, dans les textes et/ou sur les scènes de théâtre, qui sera au cœur de notre réflexion collective ainsi que la question du point de vue (non seulement ce que l’enfant voit mais ce qu’il donne à voir). On s’intéressera tout particulièrement aux récits, aux gestes et aux images que l’enfant charrie avec lui, aux secrets enkystés dans la trame du drame qu’il voile ou qu’il dévoile, à sa capacité de pointer, montrer, « monstrer » les dérèglements du monde, et du monde adulte en particulier. Ce n’est enfin pas au seul « personnage » de l’enfant que cette journée invite à réfléchir. Il s’agira de nous demander en quoi l’enfant – épique ou dramatique – est aussi un lieu d’écriture, une (coor)donnée du dire et du voir.

Sandrine Le Pors


INFORMATIONS
Université d'Artois, pôle d’Arras
9 rue du Temple, 62030 Arras Cedex
Tél. : 03 21 60 37 41

Accueil, coordination
Laura Soupez
Renseignements
Maison de la Recherche : nathalie.cabiran@univ‑artois.fr
Service culturel de l’université d’Artois : emilie.zehnder@univ‑artois.fr

Calendrier

Le 20/11/2012 14:00
Arras Université d'Artois
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