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Yannick Jaulin

France – Né(e) en 1958

Voir aussi : Le Beau Monde ?

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Présentation

A 15 ans, Yannick Jaulin apprend l’esprit critique (et acquière une conscience politique jusque là inexistante) en faisant le « cross-over » : il passe de la paroisse à l’Amicale Laïque. Et part 10 ans durant collecter « la culture des gens de la vie » (contes et chants compris) chez les vieux du pays. Il devient porte-parole militant (d’un monde paysan).

Dans les années 80, il se fait une place dans la galaxie des diseurs de mésaventures, en qualité d’OVNI rock’n roll. En 1982, à 24 ans, il crée son premier groupe de rock en patois vendéen. En 1985, il s’essaye à la profession : conteur. Accompagné de musiciens sur scène, il se met vite à recontextualiser les histoires traditionnelles, rejoignant par là la grande tradition du conte, détourné à travers les âges, jamais fossilisé. En 1986, il participe à une nuit du conte regroupant des artistes de 12 nationalités, et s’avère être le plus exotique de tous. La même année, il découvre le village de Pougne-Hérisson, et y relocalise assez systématiquement ses histoires. En 1990, il y inaugure le Nombril du Monde, événement invraisemblable qui se reproduira jusqu’en 2000 sous une forme biennale, et donnera naissance à une légende « ombilicole » contemporaine et rétroactive.

Dans les années 90, il est à l’art du conte ce que l’auteur de nouvelles à succès est à la littérature. Avec Pougne-Hérisson (1991), La vie des Roses (1994), ou encore Rien que du beau monde (1996), il défend le récital d’histoires comme art populaire porteur d’une capacité métaphysique à rendre l’humain à lui-même, le conte comme un voyage intérieur. Il œuvre pour le « Penser global, agir local » de l’oralité, portant la parole des sans-voix et rhabillant les archétypes du conte.

Dans les années 2000, il « passe au roman » et s’impose sur les scènes de théâtre en inventant des formes mutantes. En 2000, avec J’ai pas fermé l’œil de la nuit, et l’accompagnement de Wajdi Mouawad en dramaturge, Jaulin file une histoire simple et solide accrochant toutes les autres, pour évoquer le divorce des vivants et des trépassés « dans la première société de l’histoire du monde qui s’est fâchée avec sa propre mort. » En 2003 il crée Menteur (avec toujours Wajdi Mouawad, et le compositeur multi-instrumentiste Camille Rocailleux), road movie musical autour de l’illusion, du mirage, et du (beau) mensonge qui aiderait, parfois, à mieux vivre. En 2007, il fait un « coming-out métaphysique » (Terrien), s’appuyant sur un dispositif vidéo pour dialoguer avec Bobby, son enfant intérieur, qui eut tellement besoin de croire à des histoires plus grandes que lui qu’il en vint à s’égarer sur les mortifères brisées de l’Ordre du Temple Solaire. En 2010, il pousse d’un cran la schizophrénie, avec Le Dodo, “coming-out sociologique” sur la domination culturelle, brouillant les pistes sonores autour de la disparition d’un volatile de l’île Maurice, et celle de l’ami Maurice, vestige d’un paradis perdu qui était aussi le sien. Et balaye le tout d’un combat de boxe, Mohamed “David” Ali contre Georges “Goliath” Foreman. De son côté, Pougne-Hérisson se jumelle à l’étoile polaire pour entrer dans le XXIe siècle, et le festival qui redessinait les contours d’un village des Deux Sèvres, érigeant la loufoquerie poétique en art de vivre, ouvre la voie au Jardin des histoires. Un laboratoire d’expérimentation orale à la lisière de l’art brut, brassant les mots du vrai et du faux sur quatre saisons.

Au tournant 2013, Jaulin fait sa révolution à la Duchamp, où l’objet devient sujet, et le conteur ne s’efface plus. Il a appris à dire « je », à jouer avec son répertoire personnel. Il pioche dedans, des bouts de récitals d’histoires, des extraits de ses épopées théâtrales. Il y rajoute des rumeurs et des choses de rien, donne son avis sur tout, reprend goût à l’instantanéité. Avec Conteur ? Conteur, il se présente tout nu. Retrouve une liberté de ton dans l’improvisation, garde de ses échappées dramaturgiques le goût d’une ampleur du geste, s’octroie le droit de pousser la causticité, de manier l’ellipse, et de se dire en creux.

En 2014, il s’engage dans un nouveau terrain d’exploration en partant du postulat que « Nous sommes tous nés d’un récit ». Il malaxe alors la matière infinie des histoires religieuses, familiales et historiques pour donner un nouvel opus dans son parcours artistique. C’est également l’occasion d’une nouvelle collaboration avec Matthieu Roy autour de thématiques communes dans leurs réflexions artistiques du moment. En 2015, Comme vider la mer avec une cuiller voit le jour et parcourt depuis les plateaux de la France entière. Un spectacle à l’écho particulier tant il entre en résonnance avec l’actualité du moment.




En bonus Depuis 1991, Yannick Jaulin assure la direction artistique des aventures de Pougne-Hérisson, où sa compagnie Le Beau Monde ? est en résidence. En 2006, il est recruté comme comédien par Wajdi Mouawad, qui lui donne un rôle dans Forêts. Depuis 1988, il soutient de jeunes artistes en coulisses, à travers diverses collaborations à la mise en scène ou l’écriture. En 2009, il a notamment accompagné Sébastien Bertrand, porte flambeau des musiques trads de Vendée, parti sur les traces de son identité dans les couloirs d’un orphelinat à Beyrouth. Le voyage a donné naissance à un spectacle et un livre éponyme, co-écrits par Yannick Jaulin et Sébastien Bertrand (Chemin de la belle étoile, Ed° Les ateliers du Cèdre, 2011).

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