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Photo de Werner Schwab

Werner Schwab

Autriche – 1958 - 1993

Présentation

C'est après la guerre que la jeune Aloisia Konrad s'installe à Graz. D'origine paysanne, issue d'un milieu très catholique, elle a été brillante à l'école, mais en dépit des insistances de son institutrice, son père ne lui permet pas de poursuivre sa scolarité. Aloisia travaille alors comme garde-malade à l'hôpital et comme gouvernante au domicile d'un médecin. Son seul plaisir, à l'époque, consiste à aller de temps en temps à l'opéra. Puis, elle fait la connaissance d'un maçon nommé Schwab. Peu après leur mariage, naît leur fils Werner le 4 février 1958. Un an plus tard, les parents divorcent et le père disparaît définitivement de la vie de sa famille sans même payer de pension alimentaire. Aloisia Schwab vit dorénavant avec son enfant dans des conditions d'extrême précarité, habitant dans des caves humides. Alors qu'elle travaille comme femme de ménage, le petit garçon se trouve seul pendant de longues heures dans son lit à barreaux. Plus tard, à l'école, il est encore malheureux, se sent mal aimé et commence à boire. Mais, entre-temps, une sœur de sa mère est devenue gouvernante chez un professeur de latin à la retraite. Le vieil homme montre à Werner sa bibliothèque et, à l'occasion de promenades, lui parle de ses livres. Cette relation décisive pour le jeune garçon prend cependant fin avec la mort du professeur en 1973.

Les rapports du jeune Schwab avec sa mère bigote deviennent de plus en plus difficiles. Mais, à dix-huit ans, il trouve une perspective d'ouverture : dans cette ville de Graz où une population très traditionaliste voire réactionnaire côtoie l'avant-garde autrichienne, il trouve sa vocation d'artiste. Après un bref passage à l'Ecole des arts décoratifs de Graz et sa participation à une exposition de la galerie « Cool Tour » (où il étale de la moutarde, du ketch-up et d'autres matériaux alimentaires sur les murs), il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Vienne dans la classe de Bruno Gironcoli. Il ne s'y occupe d'ailleurs pas beaucoup de sculptures, pourtant il s'agit sans doute d'une époque essentielle pour son développement.
Mais peu à peu, Schwab ne supporte plus le milieu des artistes viennois, si bien qu'en janvier 81 il se retire avec sa femme, Ingeborg Orthofer, dans une petite ferme au fin fond de la Styrie où ils pourvoient eux-même à leurs besoins.

Peu après cette installation naît leur fils Vinzenz. En dépit des durs travaux de la vie paysanne, Schwab y trouve le temps de faire des sculptures de matériaux périssables tels que des intestins, des peaux, du sucre, de la suie et des os. Cette manière d'aborder les différents matériaux sans distinction hiérarchique se retrouvera ensuite dans son traitement de la langue. C'est d'ailleurs au cours de ces années à la campagne que l'écriture prend de plus en plus d'importance pour lui. Lorsque Schwab quitte après dix ans la petite ferme pour s'installer de nouveau en ville (d'abord à Graz, puis à Vienne), le succès ne se fait pas longtemps attendre. En février 1990, Les Présidentes sont créées dans un petit théâtre viennois. A peine une année plus tard, la création d'Exédent de poids, Insignifiant : amorphe dans un théâtre à peine plus grand mais réputé, fera scandale et, du coup, fera parler de l'auteur. La gloire commence en novembre 1991, lorsque le théâtre munichois « Kammerspiele » crée Extermination du peuple. A la fin de la même année Schwab est déclaré par la critique allemande « Jeune auteur dramatique de l'année ». D'autres prix prestigieux suivront à partir de 1992. Dorénavant, les théâtres se disputent les pièces de Schwab : l'année 1993 a vu 45 premières de pièces de Schwab dont plusieurs à l'étranger (Finlande et Pays-bas).
La critique allemande et autrichienne réagissent en partie violemment à ces pièces obscènes et violentes, en partie avec enthousiasme. Mais les journalistes sont surtout intrigués et fascinés par l'auteur qui sait se construire une image de rocker, tout en choquant par des phrases volontairement provocantes ou simplement mal comprises. Aussi Schwab parle lui-même du « projet Schwab » qui se résume en « management légende texte = victoire et amusement ».
Schwab continue à écrire sans cesse avec une authentique rage de travail. En véritable « shooting-star », il mène une vie effrénée sans prendre garde à sa santé affaiblie. A peine quatre ans après son premier succès, dans la nuit du 31 décembre 1993, à Graz chez son amie, il s'endort sur un fauteuil pour ne plus se réveiller. L'examen médico-légal établit que la mort a été causée par une consommation excessive d'alcool. Mais l'engouement pour cet auteur peu commun n'est pas terminé pour autant. Ses quinze pièces continuent à être représentées aux quatre coins du monde où elles secouent leur public autant par le rire que par l'horreur.

Silvia Berutti - Ronelt
conseillère littéraire de Philippe Adrien lors de la création
d'Extermination du peuple au Vieux Colombier

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