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Georges Perec

France – 1936 - 1982

Présentation

Georges Perec (Paris, 1936 - 1982) a fait des études supérieures aux Facultés des lettres de Paris et de Tunis. Sociologue de formation, son premier roman, Les Choses (1965), lui vaut, avec le prix Renaudot, une réputation de moraliste de la société de consommation. Mais si Perec est un amoureux des inventaires, il ne se laisse pas, lui, si aisément cataloguer : Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? (1966) est une histoire loufoque à la Queneau, son grand maître, et Un homme qui dort (1967), un roman de la dépression.

Il apparaît vite que cet homme de la volte-face mène en fait un projet continu, celui d'arpenter le monde, d'explorer le double univers du réel et du langage (Espèces d'espaces, 1974). Paraît en 1969 un ouvrage lipogrammatique, La Disparition, où la lettre « e » est délibérément exclue, suivi des Revenentes, écrit sans autre voyelle que celle-là. Il y aurait quelque facilité à ne voir, dans ces ouvrages, que les jeux gratuits d'un « oulipien » (membre de l' Oulipo, fondé en 1970). Ils signalent au contraire le principe organisateur de toute l'oeuvre : constat de l'effacement, effort acharné de la restitution. C'est qu'il y a dans la vie même de Perec deux disparitions premières que l'écriture se donne à charge à la fois de redire inlassablement et de tenter de réduire : celle de son père, juif polonais tué à la guerre, au lendemain de l'armistice, celle de sa mère disparue à Auschwitz. « J'écris, dit-il, parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture. L'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie. » Son oeuvre apparaît alors comme une « autobiographie éclatée » dans laquelle l'auteur se confronte à des champs d'expérience très larges : la poésie (Ulcérations, La Clôture, Alphabets), reposant sur des contraintes oulipiennes ; l'écriture autobiographique (La Boutique obscure, W ou le souvenir d'enfance - admirable synthèse de fiction et d'autobiographie -, Je me souviens) ; l'essai (Espèces d'espaces, Penser/Classer) ; le théâtre (L'Augmentation, Poche Parmentier)...

Dans W ou le Souvenir d'enfance (1975), les réminiscences du temps de guerre s'allient à l'utopie noire de l'île de W., régie par les lois de la compétition sportive, et qui dérive dans l'absurde et l'horreur concentrationnaires. Je me souviens (1978) redit ce souci panique d'« essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose ». Née de l'holocauste, l'oeuvre de Perec culmine avec La Vie mode d'emploi, prix Médicis 1978. Il y décrit, avec la frénésie d'un linguiste fou de taxinomie et la rigueur d'un mathématicien féru de combinatoire, la vie d'un immeuble, des caves aux chambres de bonnes. Et de manière exemplaire, le héros, Bartlebooth, crée des aquarelles qu'un artiste de combles découpe en pièces de puzzle et que, patiemment, le même Bartlebooth s'acharne à recomposer : mode d'emploi de toute vie, héroïquement et dérisoirement attachée à reconstruire sur la destruction. La gravité de l'enjeu de son œuvre ne fait pourtant jamais prendre à Perec la pose d'un écrivain tragique. Investigateur malicieux du sens et du non-sens, il casse toujours l'angoisse d'une pirouette.

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